MALGRé LES BONUS, LE "PLAFOND DE VERRE SUR LES VOITURES éLECTRIQUES" TOUCHE AUSSI LA FRANCE

La tendance est la même en France qu’en Europe : les immatriculations de voitures zéro émission ont chuté de 10 % en juin. Globalement, les achats de véhicules par les particuliers et les flottes ont reculé sur le marché tricolore à la même période.

-9 %… En juin, les achats de voitures neuves par les particuliers ont enregistré une forte baisse, comme ceux des flottes (-6 %). Résultat, le marché automobile tricolore a été artificiellement tiré par… les ventes de véhicules de démonstration ou de garages (+ 9 %) ainsi que les auto-immatriculations des constructeurs (+ 12 %), des canaux typiques réservés aux ventes de fausses occasions neuves à prix cassés. Une pratique que les constructeurs conspuent officiellement, alors qu’ils les utilisent largement pour écouler leurs stocks.

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« Les particuliers adoptent une posture attentiste pour leur projet d’achat automobile et semblent attendre une baisse de prix des voitures », souligne Marie-Laure Nivot, analyste du collecteur de données AAA Data. Il n’y a qu’à regarder le flot de remises consenties par les marques pour comprendre que la demande n’est pas là. En dehors des faux véhicules d’occasion, Toyota n’offre-t-il pas 3 250 euros de rabais sur son tout nouveau SUV Compact C-HR, vendu neuf ? Et Peugeot 3 450 euros sur un petit SUV 2008 dans sa dernière motorisation hybride ?

Les commandes se tassent

Le marché français affiche certes une progression sur le semestre : + 2,8 % à 914 890 immatriculations. Mais « la courbe est en train de se tasser, depuis le mois d’avril », précise Julien Billon, directeur général d’AAA Data. La preuve : les commandes qui généreront les immatriculations des prochains mois voient leur dynamisme se ralentir fortement. Elles étaient en hausse de 10 % sur six mois, mais de 1 % seulement en juin (par rapport au même mois de 2023). Elles plongeaient même de 22 % pour les véhicules utilitaires légers. « Le second semestre sera plus difficile que le premier », explique AAA Data, qui collecte les chiffres du marché tricolore.

Les immatriculations de voitures neuves restent loin, en tout cas, des années d’avant le Covid (1 166 443 unités sur les six premiers mois de 2019). Elles n’ont même pas tout à fait rattrapé les scores du premier semestre 2021 (922 765 unités), lors de la reprise après la pandémie. On est toujours à un point bas par rapport aux années 2010. Sur les années 2024-2030, le consultant Alix Partners table sur une croissance à peine supérieure à 1 % par an en France, et inférieure à 1 % sur l’ensemble de l’Europe.

Ralentissement électrique

Pour la première fois depuis leur véritable démarrage en 2020, les voitures électriques ralentissent également. Leurs immatriculations ont même plongé de 10 % en juin (en données brutes), soit deux fois plus que le marché général le mois dernier. Avec une part de marché ramenée à 16 %. Le comble, alors que la France est un des derniers pays européens à offrir encore des aides d’Etat (4 000 euros) à la voiture électrique. La Suède, la Grande-Bretagne et l’Allemagne y ont mis fin.

Le gouvernement a toutefois restreint les conditions de ces bonus. Avec la « suppression des aides pour les autos électriques made in China comme la populaire Dacia Spring », explique Marie-Laure Nivot. L’auto zéro émission la moins chère du marché. La France a aussi arrêté les bonus pour les véhicules zéro émission achetés par des entreprises, qu’elle souhaitait – avant le changement de majorité en cours – remplacer par une… pénalité pour les sociétés qui ne vendraient pas assez vite leurs véhicules.

« Tous ces changements de règles déplaisent aux gestionnaires de flottes », précise l’analyste. L’attentisme des automobilistes joue aussi avec des interrogations sur les futures règles concernant l’électrique. « On a fait le plein des clients aisés sur les segments C (compactes) et D (modèles supérieurs). On arrive donc à un plafond de verre sur l’électrique », renchérit Julien Billon, directeur de AAA Data. Et ce, alors que ces véhicules sont nettement plus chers que les thermiques (de 35 à 55 % selon Alix Partners) et que le pouvoir d’achat régresse.

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