COMMENT MG éCHAPPE à LA HAUSSE DES DROITS DE DOUANE SUR LES AUTOS CHINOISES

EXCLUSIF - Le constructeur a anticipé et dédouané ses véhicules avant la forte hausse des droits prévue par Bruxelles à partir du 4 juillet. Il surstocke 7 000 voitures électriques chez ses concessionnaires en France. Il déploie aussi une stratégie de vente d’autos hybrides et à essence, non visées par les mesures de la Commission européenne.

C’est le 4 juillet que les fortes hausses de droits de douane sur les véhicules importés de Chine, annoncées par la Commission européenne le 12 juin dernier, doivent entrer en vigueur. Les droits de douane supplémentaires prévus sont de 17,4 % pour les véhicules de BYD, 20 % pour Geely – nouvel associé de Renault – et 37 % pour SAIC (marque MG). Ces niveaux, calculés en fonction des subventions supposées accordées par la Chine, s’ajouteront aux 10 % de taxes déjà prélevées à l’entrée en Europe pour les voitures en provenance de l’ex-Empire du milieu. Des négociations sont cependant toujours en cours entre Bruxelles et Pékin. Elles devraient se terminer d’ici à novembre prochain, date à laquelle le Parlement européen doit se prononcer.

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« A partir du 4 juillet, les constructeurs chinois doivent donc provisionner le montant de ces droits, qui seront versés à chaque Etat de l’Union à partir de novembre prochain », explique à Challenges Julien Robert, vice-président en charge des ventes et du réseau de MG Motor France. D’énormes montants sont en jeu. Mais MG, la première marque chinoise dans l’Union, a anticipé ! « Depuis le 5 avril dernier, nous avons cessé d’importer les véhicules électriques » frappés par les nouveaux droits, assure le dirigeant.

Modèles exemptés de surtaxes

« On savait à quoi s’attendre depuis l’an dernier, alors nous avons pris des précautions. » Pour éviter de subir ces nouvelles taxes, MG a surstocké « 7 000 unités chez nos 163 concessionnaires, histoire de tenir jusqu’en novembre prochain ». Les modèles vendus cet été et au début de l’automne seront donc exemptés de ces 37 % de droits supplémentaires, puisqu’ils ont été débarqués cet hiver dans les portes du Havre (Seine-Maritime), Barcelone (Espagne) et Zeebruges (Belgique).

La filiale du mastodonte shanghaïen SAIC estime être particulièrement ciblée par la Commission. « Il y a une corrélation entre les volumes vendus jusqu’ici en Europe et le montant des taxes encourues, même si la Commission ne le dit pas », juge Julien Robert. En attendant le résultat du bras de fer, MG a reporté l’annonce de l’implantation de sa future usine en Europe, qui devait être faite en juin. Le choix d’une usine en France, un temps évoqué, paraît fort peu probable. Le constructeur estime qu’il lui faudra deux usines à terme sur le Vieux continent.

Hybrides et modèles à essence

MG est en train d’infléchir sa stratégie. Alors qu’il avait quasiment tout misé au départ sur les modèles électriques en France, le constructeur déploie désormais une gamme d’hybrides, « qui représenteront 50 % de nos ventes en France cette année ». Après la petite MG3 (à partir de 19 990 euros), un SUV ZS hybride sera lancé en septembre sous la barre des 25 000 euros, pour concurrencer le Dacia Duster E-Tech.

Mais, MG fait feu de tout bois. Il ne renonce pas non plus à introduire des voitures purement thermiques. Il devrait ainsi flanquer sa citadine MG3 hybride d’une version à essence en fin d’année. Histoire d’abaisser le prix de vente à 15-17 000 euros. MG adapte sa stratégie selon les pays. En Italie ou en Espagne, il vend déjà une très grosse majorité de modèles à essence.

50 000 ventes en 2025

Déjà privé en France des bonus (4 000 euros) d’Etat réservés désormais aux modèles électriques produits en Europe, MG a vu ses immatriculations reculer au premier semestre en France de 27 %. Après 34 400 unités vendues l’an passé dans l’Hexagone, la firme table sur 25-30 000 véhicules seulement cette année en France. Mais elle a toujours pour objectif « 50 000 ventes en 2025 avec six nouveautés attendues », soit l’équivalent d’une marque comme Opel (Stellantis).

Et ce, à condition que les négociations entre la Commission et le ministère chinois du Commerce extérieur aient abouti à un abaissement des droits de douane prévus. Un compromis paraît probable. Car l’Allemagne craint en effet que les sanctions européennes n’entraînent des mesures de rétorsion contre les ventes de ses propres véhicules en Chine. A terme, MG espère « ne pas être trop éloigné de barre des 100 000 ventes. »

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