CITROëN MéHARI : MIMOLETTE ET DéSERT

Dérivé emblématique de la 2 CV, devenue hyper à la mode ces dernières années, la Méhari a eu plusieurs vies. Tantôt besogneuse, tantôt vacancière, cette auto cent fois copiée mais jamais égalée s'apprécie plus encore lorsqu'elle a des histoires à raconter. Voici une orange de 1974 qui partage le quotidien de François depuis un demi-siècle. Magnéto !

Texte et photos Hugues Chaussin

L’histoire de la Méhari puise ses origines en 1966. On aurait pu penser qu’elle a été le fruit du bureau d’études Citroën, mais il n’en est rien. C’est Roland Paulze d’Ivoy, comte de la Poype, patron d’une entreprise de fabrication de pièces thermoformées en matière synthétique installée à Villejuif qui l’a imaginée et conçue. Afin de développer ses affaires, le dirigeant de la Société d’Exploitation et d’Application des Brevets (SEAB) a en effet projeté la fabrication d’un véhicule de plein air inspiré de la Mini Moke, équipé d’une carrosserie en plastique, à usage semi-utilitaire et semi-loisir. Sur la plateforme de son utilitaire 2 CV AZU personnel préalablement débarrassé de sa tôlerie, il a disposé un treillis tubulaire servant de support à une carrosserie que l’on pourrait assimiler à celle d’une Jeep. Elle a été dessinée puis modelée en une maquette à l’échelle 1/10 par le styliste Jean-Louis Barrault. Baptisé Donkey, ce prototype d’étude disposant de flancs lisses et de cinq raidisseurs de capot convergents a été prévu pour recevoir une carrosserie en l’acrylonitrile butadiène styrène, plus connu sous l’appellation ABS, un matériau nouveau dans la construction automobile. Constitué à l’état initial de billes destinées à être fondues puis moulées, l’ABS présente de multiples avantages par rapport au polyester. Peu sensible aux éraflures, l’ABS a aussi la particularité intéressante de reprendre sa forme initiale après un léger choc. Inconvénient, la mise en forme de panneaux aussi imposants que ceux nécessaires à la fabrication d’une carrosserie de voiture nécessite l’acquisition de grandes thermoformeuses spécifiques. Le projet est bien avancé lorsqu’en 1967, Paulze d’Ivoy demande à être reçu par Pierre Bercot, patron de Citroën, afin de solliciter la fourniture de plateformes et de composants mécaniques. Manifestement intrigué par cette créature automobile, le directoire Citroën demande à pouvoir disposer du prototype afin de pouvoir effectuer des essais. L’affaire paraît bien engagée pour notre patron de PME qui n’aurait toutefois pas imaginé la suite de l’histoire. Après avoir profondément étudié la question, l'administration du grand constructeur propose à Paulze d’Ivoy d’intégrer le véhicule à sa propre gamme, en le produisant sous la marque Citroën. La direction de Citroën propose alors à la SEAB de lui fournir un deuxième prototype intégrant quelques modifications au niveau de la carrosserie qui manque manifestement de rigidité. C’est ainsi qu’est confectionné un modèle doté de panneaux de cotés ondulés à la façon des fourgonnettes de la marque. Une dizaine de prototypes supplémentaires suivront, réalisés sur des bases roulantes de fourgonnettes AK 350 kg 3 CV fournies par le constructeur et habillés de carrosseries réalisées à la SEAB. Paulze d’Ivoy et Bercot vont s’entendre et c’est finalement sur une base de Dyane 6 que sera élaborée cette voiture. L’auto ne s’appellera pas Donkey, qui signifie âne en anglais, mais Méhari, un petit nom évocateur de vastes étendues sablonneuses, d’aventures et de sobriété, suggéré par Jacques Wolgensinger, le directeur de l’information et des relations publiques de Citroën. Huit exemplaires de pré-série sont réalisés puis exposés à la presse jeudi 16 mai 1968 sur les pelouses du golf de Deauville.

Orchestrée avec maestria par Wolgensinger cette cérémonie met en scène les Méhari à deux places présentées dans des couleurs différentes et des configurations suggérant les diverses vies possibles du véhicule. La Méhari rouge incarne la lutte contre les incendies, la grise métallisée l’univers des hippies, la blanche la vie à la campagne, la verte le travail de la ferme, alors que la bleu marine représente la sécurité des personnes et des biens. Peinte en turquoise, la Méhari évoque le véhicule de plage, en jaune c’est une jolie “golfette”, puis en beige, elle nous invite à une partie de chasse. Chaque auto est accompagnée de mannequins joliment apprêtés.

La commercialisation de la Méhari débutera en septembre 1968 [...]...

Retrouvez l’intégralité de cet article dans Gazoline n°325

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