Maserati, c'est avant tout une signature sonore à donner le frisson, une sonorité qui fleure bon la compétition. La gamme des routières proposée par la firme de Modène, voisine de Ferrari, surprend ainsi au détour d'une rue par les vocalises graves et sauvages qui émanent des échappements. Mais la vue d'une berline ou d'un SUV au Trident laisse plutôt circonspect sur cet assemblage contre nature.
Heureusement, pour faire concorder le son et l'image, Maserati s'est à nouveau penché sur l'exercice de la supercar et, après l'exceptionnelle MC12, a concocté une MC20 éblouissante. À la différence de l'aînée, dérivée d'une Ferrari, la MC20 est une création totalement maison. Ou presque, puisque ses portes ouvrant en élytres dévoilent un châssis carbone de toute beauté, en provenance du spécialiste transalpin Dallara. Deux treillis tubulaires servent de supports aux suspensions triangulées dignes des 24 Heures du Mans.
La promesse du sport de très haute volée est déjà là, contenue dans ces lignes spectaculaires et néanmoins élégantes qui tranchent sur beaucoup de créations d'ultrasportives. Le tour de force a consisté ici à se passer de tout aileron visible et à générer de l'appui par les tunnels inférieurs et l'extracteur arrière. La version essayée ici, la Cielo, reprend à son compte ce design très personnel avec des fonctionnalités intéressantes, comme le toit en verre électrochromatique dans l'opacité peut varier à la demande. Hélas, la commande est à trouver dans l'interface de l'écran tactile.
De la même façon, ce toit peut basculer en 12 secondes pour venir coiffer le moteur V6 avant que le capot arrière en composites ne se rabatte. On comprendra que la noble mécanique devient invisible mais elle n'est pas absente pour autant avec son rendement très élevé de 210 chevaux au litre. Cette puissance globale de 630 chevaux est extraite d'un V6 3 litres biturbo qui présente des chambres de précombustion et une double injection, directe et indirecte, inspirée de la Formule 1. La prise de poids par rapport au coupé est de 65 kilos seulement.
Après avoir pris place dans l'habitacle, conçu pour accueillir des gabarits jusqu'à 1,98 m, mais sans aucun rangement, on a le choix entre démarrer couvert ou découvert. Dans le premier cas, une pression sur le bouton de démarreur laisse perplexe, tant la sonorité de cette mécanique de haute volée apparaît sourde mais discrète comparée à celle des berlines de la marque pourvues de V8. Une petite vitre coulissante se cache derrière les sièges et permet de tendre l'oreille, sans plus de résultats. Et même moins ensuite, car les montées en régime abandonnent le battement grave du ralenti.
L'ouverture totale du toit apportera un peu plus de vécu et de sensations mais sans jamais provoquer le grand frisson acoustique. En revanche, pour le reste, les chevaux sont bien là et allument à chaque pression du pied droit un feu d'artifice. En configuration standard, nous avons été surpris par le confort et, par conséquent, la souplesse des suspensions qui ne plaident pas pour une inscription dynamique en courbe de cette propulsion. Heureusement, il est possible de gérer cela en passant en mode sport, voire Corsa, plutôt réservé à la piste.
Nous avons tout juste eu le temps de vérifier que ces positions raffermissent les suspensions, mais pas suffisamment à notre sens pour donner une attitude plus incisive. Après, la gestion de conduite est tombée en panne et s'est calée sur position standard GT. Nous avons pu tout de même noter l'ardeur mécanique explosive et la possibilité d'enrouler les courbes en jouant de l'adhérence de l'essieu moteur.
Cependant, les dimensions très larges de la MC20, déjà problématiques en ville, freinent les ardeurs sur routes étroites où on aurait aimé disposer de 4 roues directrices. La boîte robotisée à huit rapports se montre très rapide et exploite le couple de 730 Nm disponible dès 3 000 tours minute. La direction est légère, le freinage violent avec l'option carbone céramique (12 000 euros) et toujours ce « toucher de route » évoluant plus sur le style GT que supercar.
Notre voiture d'essai était équipée d'un pack carbone externe (4 800 euros) et d'une peinture spéciale jaune mat (14 400 euros) du plus bel effet. Maserati a concocté un bleu spécial néo-rétro pour ce modèle dont on jugera l'effet sur nos photos. Ajoutons le relevage de l'avant sur les ralentisseurs et la suspension sport (6 000 euros), le volant carbone Alcantara (3 600 euros), le pack assistance conducteur (1 660 euros), les sièges racing (6 600 euros), le pack intérieur carbone (7 000 euros) et le différentiel autobloquant électronique (2 400 euros) et on aura le tarif astronomique d'une voiture présentée à la base et sans tout cela à 287 250 euros. Il faudra aussi prévoir un malus maximal à 60 000 euros là ou d'autres hypersportives jouent avec la réglementation grâce à l'hybridation. C'est la solution qu'adoptera Maserati la prochaine fois, si la série des MC20 n'est pas épuisée avant.
LES PLUS
- Design spectaculaire et efficace
- Moteur de référence
- Performances hors série
- Confort inattendu
LES MOINS
- Visibilité arrière
- Sonorité quelconque
- Pas de rangements
- Prix de l'originalité
Moteur : V6 biturbo
Cylindrée : 3 000 cm3
Puissance : 630 ch à 7 500 tr/mn
Couple : 730 Nm de 3 000 à 5 500 tr/mn
Transmission : roues arrière
Boîte : robotisée 8 rapports
Dimensions L x l x h : 4,669 x 1,965 x 1,218 m
Coffres Av/Ar : 50 / 150 l
0 à 100 km/h : 2,9 s
Vitesse : 320 km/h
Consommation : 11,6 l
CO2 : 265 g/km (malus 60 000 euros)
Poids : 1 560 kg ( 2,47 kg/ch)
Prix : à partir de 287 250 euros
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