24 HEURES DU MANS 2025 : PEUGEOT MOTORSPORT, LES LIONS TOURNENT EN CAGE

Pour le moment, toute l'équipe Peugeot Total Energies se raccroche aux bons souvenirs. Le tout premier podium aux 6 Heures de Monza 2023 pour Loïc Duval et ses équipiers de l'époque, Gustavo Menezes et Nico Müller. Ou le tout dernier, aux 8 Heures de Bahreïn 2024 pour l'autre 9x8, cette fois, celle de Jean-Eric Vergne, Mikkel Jensen et Nico Müller encore. Une superbe remontée depuis la 18e position venait enfin clôturer une petite série de courses encourageantes, en cette fin de saison passée... « Nous avons démontré que nous savions faire et gérer de belles courses. Même si le compte n'y est pas encore sur le rythme global de l'auto, constate et admet Olivier Jansonnie, le directeur technique du programme chez Stellantis Motorsport. Mais sportivement, cela fait du bien », reconnaît-il. Comme cette double qualification en hyperpole (dans le top 10 sur deux fois plus de voitures engagées dans la catégorie, 4e chrono pour la numéro 93), lors des dernières 6 Heures de Spa-Francorchamps.

A la recherche de l'héritage

Les positions sur la grille de départ des 93es 24 Heures du Mans, dont le départ sera donné ce samedi à 16 heures, sont beaucoup moins encourageantes : 17e position pour la n°94 de Duval-Jacobsen-Vandoorne et 18e pour la n°93 de Vergne-Di Resta-Jensen. La 9x8 court toujours après l'héritage des Peugeot 905 et 908 Hdi, toutes deux gagnantes aux 24 Heures du Mans en 1992 et 1993, puis en 2009. Est-ce la faute à cette fameuse BOP, une Balance of Performance qui, en agissant avant chaque course sur plusieurs paramètres techniques de la voiture (poids, puissance du moteur...) rééquilibre un peu les forces entre tous les concurrents pour donner sa chance à chacun et offrir de belles bagarres en piste ? Forcément, à ce jeu on trouve des fâchés... Aux 24 Heures du Mans, c'est Peugeot.

La BOP enregistre et mouline

Par contrat avec le WEC et l'Automobile Club de l'Ouest (les organisateurs du Championnat du monde d'endurance et de la course mancelle), les concurrents sont tenus de ne pas (trop) parler de la BOP. Mais pourquoi ce qui n'était pas un désavantage à Spa-Francorchamps, le devient-il aussi douloureusement dans la Sarthe ? Parce qu'au Mans, le règlement n'est pas le même : en WEC, la BOP enregistre et « mouline » les dernières performances en course pour sortir une photo actualisée de la situation; aux 24 Heures, on s'appuie sur la fiche d'homologation de la voiture, ses performances de base plus figées. Or, sur la 9x8, elle n'a pas donné en piste le résultat escompté, pour tout un tas de raisons.

Même les concurrents du team Peugeot Total Energies et ses 9x8 accordent que la BOP appliquée aux protos français pour les 24 Heures du Mans 2025 est un peu sévère. Et pourtant, des simulations menées avec un tel coefficient de pénalité montreraient un déficit de 4/10es au tour sur les treize kilomètres du tracé. Pas deux secondes et demie par rapport aux deux Cadillac V-Series.R qui s'élanceront depuis la première ligne. « Il y a des gens qui font encore des choses meilleures que nous », ne se cache pas Olivier Jansonnie.

Les pilotes font le dos rond

On fait donc le dos rond dans le camp français. Pour les deux pilotes français Loïc Duval et Jean-Eric Vergne, l'essentiel est de n'avoir rien à se reprocher. L'un comme l'autre avouent avoir grandi en temps que pilotes, devant cette adversité. Patience et longueur de temps : « tu nous aurais posé la même question, il y a quelques années -comment vit-on ce manque de compétitivité, course après course?- nous ne t'aurions sûrement pas fait la même réponse. La situation est un peu dure à avaler et nous aurions certainement eu beaucoup plus de mal à la supporter sans s'énerver. Aujourd'hui, l'essentiel est de quitter les circuits avec le sentiment du travail bien fait, d'avoir obtenu le maximum possible avec le matériel dont nous disposons. Dans une carrière de pilote, il y a parfois des sixièmes places qui ont réclamé parfois plus d'efforts et une course parfaite, à l'inverse d'une victoire facile. Mais cela ne se voit pas forcément de l'extérieur. »

Alain Favey, le nouveau directeur de la marque Peugeot, s'est déjà rendu à Satory, à l'usine de course de Stellantis Motorsport, dans les Yvelines. « J'y ai dit : ce que nous faisons s'appelle le championnat du monde d'endurance. Donc, il faut être endurants et nous le sommes. Peugeot revendique être une marque sérieuse et être sérieux signifie que quand on s'engage sur un programme, on le fait à fond et surtout, dans la durée. Donc, nous aimerions bien avoir de meilleurs résultats, nous sommes un peu frustrés mais, d'un autre côté, nous sommes là dans la durée et tant que les conditions réglementaires actuelles et à venir nous laisseront espérer viser un jour la victoire, nous continuerons à développer la voiture. »

Des pistes d'améliorations... interdites

« Des idées, des pistes d'améliorations, nous en avons tous les jours », souligne Olivier Jansonnie qui se garde bien, toutefois, de parler d'une future nouvelle voiture. Pourtant, il y aurait, en ce moment, un proto Peugeot sur base 9x8 -appelons-le Evo...- prêt à rouler sur la piste de déverminage de Stellantis Motorsport. Mais il doit rester au secret, et surtout au garage car la réglementation de l'hypercar a figé, jusqu'à la fin de cette année 2025, l'homologation des voitures. Interdit de les modifier à de rares et marginales exceptions près, appelées « jokers ».

Revenir dans le match

L'Automobile Club de l'Ouest et le WEC ont annoncé, vendredi, la prolongation de cette période d'homologation des hypercars sur la base technique actuelle jusqu'en 2032. « C'était une des conditions au renouvellement de notre engagement, se réjouit Alain Favey. Mais il y en a d'autres. Nous allons donc continuer à en parler. »

L'ACO et le WEC confirment «des discussions avec les constructeurs », suite à cette prolongation d'homologation. En effet, on comprendrait difficilement que les constructeurs engagés de la première heure soient contraints de se contenter d'un modèle prévu à l'origine jusqu'à fin 2025, sans pouvoir le modifier profondément et se mettre au goût du jour des nouveaux arrivants – Genesis et McLaren en 2026, Ford en 2027. A Peugeot de revenir dans le match.

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2025-06-14T06:16:27Z