POURQUOI LES CONCESSIONNAIRES AUTOMOBILES INVESTISSENT EN AGRICULTURE

Quatre importants concessionnaires automobiles français ont choisi d’investir dans l’agriculture depuis deux ans, notamment en Bretagne.

En quelques mois, les concessionnaires automobiles ont secoué leurs homologues du secteur agricole. Fait plutôt rare jusqu’alors, six concessionnaires agricoles ont été rachetés par leurs homologues de l’automobile depuis deux ans.

Ces rachats sont le fait de quatre groupes majeurs du secteur : Dubreuil, Emil Frey, Bornhauser Performances Motors Group (BPM) et Gueudet 1880. Ces entreprises, parfois très diversifiées, pèsent entre 1,6 et 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Alors que les plus gros concessionnaires agricoles atteignent seulement quelques centaines de millions d’euros, l’arrivée de ces mastodontes intrigue. Interrogés par Agra presse, leur réponse est unanime : stratégie de diversification.

Rentabilité plus élevée

Chacun des groupes mise sur le fait que les cycles économiques des marchés automobiles et agricoles ne sont pas synchrones. Même s’ils le sont actuellement, tous deux en panne de demande.

Le machinisme agricole est une diversification intéressante, parce qu’elle s’accompagne d’une forte valeur ajoutée. Ramenée au chiffre d’affaires, la rentabilité y est plus élevée. « L’automobile est à 2 %, là où l’agricole est à 3,5 % voire 4 % les bonnes années », indique Paul-Henri Dubreuil, président-directeur général du groupe éponyme.

Mais les stocks sont plus importants, et donc plus coûteux, notamment pour les pièces de rechange. « Dans l’automobile, on est à 12-15 % de besoin de fonds de roulement ramené au chiffre d’affaires, contre le double du côté de l’agriculture », pointe Paul-Henri Dubreuil.

Dans un monde où les fabricants (John Deere, Claas…) ont une grande influence et cherchent à faire grandir la taille des concessions, la surface financière des distributeurs automobiles est un point fort. Avant de racheter des concessions en Bretagne, Emil Frey s’est porté candidat directement auprès du constructeur CNH (Case New Holland).

La force du groupe

Les entreprises de l’automobile transmettent également leur savoir-faire dans l’administratif, apprécié par les fabricants. « Nos managers de divisions sont autonomes, et n’ont pas de problèmes de trésoreries, car ils bénéficient de nos ressources. Ils profitent également de tout le soutien administratif nécessaire, à disposition pour tous les métiers du groupe », commente Paul Henri Dubreuil.

Mais derrière la valeur ajoutée du secteur agricole, se cache une forte technicité, qui requiert une prestation de service de pointe. Raison pour laquelle les différents groupes choisissent à la tête de leurs divisions agricoles des experts du secteur, et restent fidèles à leurs marques.

Ils ne découvrent pas complètement ces contraintes. Plusieurs d’entre eux s’étaient déjà diversifiés dans la distribution d’engins poids lourds et/ou de travaux publics, des secteurs aux technologies et pratiques commerciales bien plus proches de l’agriculture que de l’automobile.

2025-10-06T15:10:54Z